7.7.06

Moufdi Zakaria : Introduction

Introduction

Salah Bendrissou

Ayant le droit d'accès aux archives, le chercheur historien s'appuie sur ses études pour révéler ses résultats, quitte à briser quelques clichés, voire, quelques sujets qui demeurent jusqu'ici tabou.
Cette fonction importante au décryptage des faits historiques est parfois mal admise et les historiens peinent souvent à transmettre efficacement et objectivement certaines vérités qui ne sont guère réjouissantes.
Quelque fois il s'agit de pages brillantes et souvent de pages terrifiantes, et dans les deux cas nous sommes appelés à voir notre histoire en face et dans tous ses états, car "les peuples qui ne connaissent pas leur histoire sont destinés à la revivre".
Avec les recherches historiques et scientifiques chacun y trouve son compte, ou presque. Certes, quand il s'agit d'une mémoire douloureuse, il faut parfois tourner la page sans toutefois la déchirer. Elle doit au moins être lue.

L'étude actuelle ouvre des pages inédites sur Moufdi Zakaria, l'une des figures emblématiques de l'histoire algérienne. Cet homme mérite d'être mieux connu et nous vous proposons de retracer son itinéraire jusqu'à l'indépendance en 1962.
Moufdi Zakaria est, en effet, l'une des personnalités qui ont marqué leur temps, en tant qu'acteur important de la scène politique, culturelle et sociale. Il a activement contribué à l'édification de l'histoire du nationalisme algérien.
Nous avons eu le plaisir de travailler pendant ces dernières années sur certaines archives importantes. Nous espérons, sans avoir la prétention d'être exhaustif, que cette étude contribuera à combler beaucoup de lacunes concernant le parcours de cet homme et mettra au jour des pans inconnus de sa vie. Certains épisodes constituent une véritable révélation pour ses proches et même pour ses amis intimes.

Il s'agit notamment des archives d'Outre-Mer à Aix-en-Provence. Cette source est d'autant plus importante qu'elle est inédite et reste encore inexploitée.
Tout au long de ces dernières années, nous avons eu l'occasion de fréquenter régulièrement ce Centre. Certains cartons restent encore inaccessibles, notamment ceux datés d'après la seconde guerre. Ils sont soumis à un délai de 60 ans. Quand il s'agit de personnages, chefs indigènes, officiers, la loi prévoit un délai de 120 ans, à compter de la date de naissance de l'individu. Ces catégories d'archives ne sont communicables que par dérogation.
C'est grâce notamment aux rapports militaires - ironie du sort - que nous sommes parvenus aujourd'hui à avoir une vision sur un passé très riche d'événements et que nous avons pu conserver au moins une version de cette histoire qui risque de tomber dans l'oubli.

La documentation se compose de : (...)

En ce qui concerne l'Algérie, les archives se repartissent en trois grandes catégories :
(...)

Cette catégorie d'archives comporte une documentation très disproportionnée. Parmi celle-ci, on trouve :
(...)

Le contenu de ces cartons est très varié, je cite entre autres :
(...)

Les quelques documents administratifs publiés dans l'annexe sont d'une valeur inestimable.(5)
Toutefois, il faut rester prudent sur certains événements et traiter quelques données avec précaution. Car ces archives nous permettent uniquement d'avoir un seul point de vue sur un sujet quelconque. Cette version est celle donnée par l'administration coloniale.(6)
C'est pourquoi, il faut avoir souvent recours aux enquêtes de terrains : c'est-à-dire, la source orale.
"Les gens sont toujours la meilleure source d’informations, à condition de pouvoir connaître la personne et le personnage qu’ils s’efforcent d’être, et apprendre à déceler les messages essentiels qu’ils se racontent."

Dans cette première lecture de notre travail, l’analyse des sources fait encore défaut. Car, une étude historiographique approfondie sur les sujets abordés au cours de cet ouvrage révélera certainement des éléments importants et aboutira à des conclusions intéressantes et mettra mieux en valeur cette recherche, pour lui donner éventuellement une autre dimension.
Cette recherche reste une référence certes, elle demeure, néanmoins, très vulnérable face aux critiques, car nous sommes pleinement conscients de ses faiblesses. En effet, ce travail de "recueil" reste encore à exploiter très largement.
Il s'agit, en effet, d'un chapitre secondaire extrait de notre thèse qui s'intitule : Implantation des Mozabites dans l'Algérois entre les deux guerres.(7) Nous avons opté pour une narration chronologique au cours de notre première partie. Quant à la seconde, nous avons choisi de développer quelques péripéties clés du parcours de notre personnage, et qui restent jusqu'ici peu connues.

Moufdi, symbolisant une vie en mouvement pleine d'actions, comment a-t-il su développer un terrain d'entente entre son particularisme communautaire et ses engagements politiques de dimension nationale et maghrébine allant de pair avec ses convictions et son action politique ? Comment a-t-il pu concilier ses activités culturelles et politiques d'une part et ses investissements dans ses divers projets de commerce d'autre part ?

Cette étude, pourrait-elle contribuer à éclairer certaines zones d'ombre de ce personnage ?

(...)
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(1) ...
(2) ...
(3) ...
(4) ...
(5) Sur l'historique de ces archives, voir notamment Boyer, catalogues CAOM ; G. Ermisse , P. Treguiilly, Archives Nationales, (Guide de lecteurs), Paris, 1993, 6e ed., 77 p.
(6) La machine à écrire fit son entrée à l'administration au début du XXe siècle, mais surtout après la Ière guerre mondiale, avant cette période la plupart de ces archives sont manuscrites.
(7) Bendrissou S. Implantation des Mozabites dans l'Algérois entre les deux guerres, vol. I : Texte ; II : Annexes ; III : Répertoire biographique ; IV : Mémoires du M'zab (bibliographie). Sous la direction de M. le professeur René Gallissot. Institut Maghreb-Europe, Paris VIII, 7 novembre 2000. Membres du jury : M. R. Gallissot (directeur - historien) ; G. Meynier (Président, rapporteur - historien) ; M. O. Carlier (rapporteur – sociologue, historien) ; M. A. Kadri (sociologue) ; M. B. Stora (historien).


Salah BENDRISSOU
Aix-en-Provence,
le 13/04/2005

Disponible sur  : www.eboxeditions.com

Pour nous contacter : contact@eboxeditions.com


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci cher Salah

Anonyme a dit…

Cher Salah,

Toutes mes félicitations.
La publication en Algérie est un grand problème qui mérite un grand débat.
Gagné (ou plutôt récupéré) en dinar ce que tu as investi (dispensé) en euro ce n’est pas évident et c’est un sacrifice en faveur de lecteur algérien
Je lirai avec un grand intérêt ton livre.
Encore mille mercis

Ahmed « Belkourt »