Smaïl Benhassir et
Hocine Seddiki
Editions Al Bayazin
(Alger)
2013
176 p.
La Tribune :
Le M’Zab, un joyau inestimable.
Que sait-on de la région du M’Zab ? Rien sinon
trop peu de chose. Le commun des Algériens ne sait pas plus sur cette cité
pentapole que son origine. Une région choisie par les Ibâdites pour se poser
après des siècles de nomadisme à travers le monde musulman. C’est pour faire
connaître cette région exceptionnelle du pays, que les Éditions Al Bayazin lui
ont consacré leur dernier ouvrage paru en novembre dernier. A coup de petits
textes, de très belles photographies et de repères historiques, Smaïl Benhassir
et Hocine Seddiki ont réussi à dévoiler l’originalité du M’Zab et à donner
envie de le visiter.
Classée au patrimoine mondial de l’Unesco en
1982, la vallée du M’Zab a été peuplée lorsque les fatimides détruisent en 911
Tihert, première ville en Algérie fondée par les Ibâdites. Ces derniers se
dispersent à travers le pays avant de s’installer définitivement des années
plus tard, dans la vallée du M’Zab. Ils y fonderont les cinq villes qui forment
la pentapole. On apprendra dans ce beau livre paru en novembre dernier, que la
ville d’El Ateuf (Tajnint) était la première ville à avoir été bâtie en 1012
dans ce désert infini. « Le vrai désert dans le désert », écrivent les auteurs
pour décrire l’hostilité naturelle des lieux. L’édification d’El Ateuf fut
suivie par celle de Bou Nouar (Atbounour) en 1045. Verra le jour en 1053 la
ville de Ghardaïa (Taghardaït) actuelle chef-lieu de la wilaya. Puis seront
bâties en 1124 les villes de Melika (At Mlichet) et en 1347 Beni Isguen
(At-Izgen). En 1651, émergera du désert une autre ville un peu plus lointaine,
Guerrara et en 1690 Berriane. Effectuant un vrai travail de chercheurs en
histoire, Smaïl Benhassir et Hocine Seddiki, emmènent leurs lecteurs dans un
véritable voyage dans le temps. Comment la vie a-t-elle pu « prendre » dans ce
désert ? Il y a 1300 ans, très loin du M’Zab, précisément à Koufa naquit l’idée
de cette prestigieuse ville du croissant fertile. « Quelle étrange destinée que
celle de ces hommes, pourchassés, traqués, repoussés dans les recoins les plus
éloignés, isolés et qui, à force d’ingéniosité, ont transformé en paradis
terrestre, l’une des contrées les plus inhospitalières de la terre. » Kairouan,
Isadraten et Tihert, apprend-on, étaient « les haltes successives d’une longue
marche de quatre cents ans, un exil, forcé d’abord, voulu ensuite. Voulu par
une volonté farouche de liberté, de grands espaces, de pureté et de
préservation des fondements d’une pensée ». Des mots qui mettent en forme des
images fortes qui naissent dans l’esprit des lecteurs. Ces derniers ne pourront
être indifférents aux tableaux allégoriques qui se présentent à eux. Des scènes
d’hommes de volonté qui façonnent le désert pour préserver leur idéologie,
construire leurs mosquées et leurs habitations. « De leurs mains ensanglantées,
ceux qu’on appelait les Ibâdites et qu’on appellera désormais les Mozabites,
grattèrent le schiste; ils arrachèrent la pierre calcinée aux arêtes
tranchantes du plateau stérile pour construire » leur villes. Les auteurs
illustrent cette volonté inébranlable par la célérité de l’édification des
villes. « En trois décennies, quatre cités verront le jour, perchées sur les
monticules qui dominent le reg désolé : El Ateuf, Bou Nouara, puis
simultanément Ghardaïa et Melika. Les nouveaux réfugiés qui afflueront sur
cette terre trois siècles plus tard créeront Beni Isguen (la pieuse) ». Dans
ces cités, expliquent MM. Benhassir et Seddiki tout « mœurs, techniques,
architecture, est soumis à un ordre divin ». Les saisies créées de toute pièce
longeront l’oued du M’Zab offrant par la même à chaque Mozabite son havre de
paix. Ce sont les fameuses maisons d’été où règnent paix et joie de vivre. « Ce
paradis terrestre n’est pourtant pas un caprice de la nature (…). La patience,
la discipline, l’ingéniosité et beaucoup de sacrifices ont eu raison de la nature.
» Ce voyage dans le temps ne saurait être clair si les deux auteurs ne
rappellent que le M’Zab a connu le passage d’autres populations de la
préhistoire à l’installation des Ibâdites dans la vallée. Pour étayer leurs
dires ils font référence aux travaux d’historiens qui se sont intéressés à la
région, notamment Pierre Roffo et Joël Abonneau dans leur ouvrage « Les
civilisations paléotiques du M’Zab ». Les coauteurs de cet ouvrage inestimable
ne se limitent pas à la fondation de la pentapole. Ils déroulent sous les yeux
de leurs lecteurs des centaines de photographies aussi distantes les unes que
les autres. Elles pourraient même se passer des légendes poétiques qui les
accompagnent. Le texte ne pouvait évidemment pas négliger l’aspect
architectural et urbanistique unique de cette pentapole. Abritées derrière les
remparts qui les protègent, elles apparaissent aux visiteurs comme de
véritables masses compactes se fondant dans le paysage alentour. Tranchant avec
les excroissances des autres villes algériennes, « les villes du M’Zab
procèdent d’une extension raisonnée. Ce sont des ksour en ordre serré. Elles se
développent selon des arcs concentriques autour de la mosquée. Les rues
entourent plusieurs circonvolutions concentriques la partie centrale du ksar.
Elles sont néanmoins, des rues perpendiculaires descendantes ». Un génie qui
fera dire au célèbre architecte français Le Corbusier « A chaque fois que je me
trouve à cours d’inspiration, je prends mon billet pour le M’Zab. » Pour lui,
la cité s’ouvre vers le ciel. « Une machine à habiter », précisera-t-il.
L’introversion des habitations mozabites n’est pas en reste dans l’ouvrage. On
précise que rien de son aspect extérieur ne devait révéler les différences de
fortune, le riche ne devait pas écraser le pauvre. « Tout est fait pour
préserver la " horma ", familiale : construites en gradins sur un
monticule, les terrasses tournées vers l’extérieur, la hauteur uniforme, des
maisons, les hauts murs, l’unique porte toujours en chicane évite toute surprise,
fenêtres et terrasses interdisant le regard indiscret. » Smaïl Benhassir et
Hocine Seddiki révéleront tour à tour à leurs lecteurs, les palmeraies
paradisiaques, les souks légendaires, les édifices religieux et les cimetières
où tout suinte la simplicité, la poésie et le divin. On ne manquera pas de
souligner l’harmonieux côtoiement de la tradition et la modernité. Le M’Zab
autrefois replié sur lui même, affirment les auteurs de cette œuvre
inestimable, est aujourd’hui, ouvert et accueillant. « Malgré de perceptibles
concessions à la modernité, les cités traditionnelles du M’Zab demeurent une
part du patrimoine de l’humanité, inspirant architectes, poètes et artistes.
Elles provoquent l’émotion et l’inspiration chez ceux dont la sensibilité ou la
connaissance a de générosité, d’humilité et de simplicité », conclut-on. En 176
pages réalisées en format orginal, le M’Zab de Smaïl Benhassir et Hocine
Seddiki s’apparente à une vraie œuvre d’art tant tous les ingrédients y sont
rassemblés. Des beaux textes des deux auteurs, aux photographies en pleines
pages de Hamid Douakh, aux dessins marquant les débuts des 12 chapitres du
livre signés Hachemi Ameur et jusqu’à la maquette exceptionnelle du designer
Fodhil Seddiki, le M'zab est un beau livre à acquérir et à offrir. Un joyau que
les connaisseurs sauront, indéniablement, apprécier.
Ghada Hamrouche
02.12.2013
Le Soir d’Algérie :
Le M’zab :
entre hier et aujourd’hui.
Le
lecteur apprendra à mieux connaître ces hommes qui ont transformé en paradis
terrestre l’une des contrées les plus inhospitalières de la Terre. De belles
photographies rendent la lecture encore plus agréable. La vallée du M’zab et sa
pentapole (Ghardaïa, Melika, Beni-Isguen, Bounoura et El-Atteuf) sont classées
depuis 1982 au patrimoine mondial de l’Unesco. L’architecture de ses cités et
ksour a été une source d’inspiration pour des architectes comme Le Corbusier,
André Ravéreau, Fernand Pouillon ou encore Manuelle Roche, auteure du livre Le
M’zab, une leçon d’architecture, paru en 1982 chez Sindbad en France.
Le
M’zab, texte et photos de Smaïl Benhassir et Hocine Seddiki, est un beau livre
dans tous les sens du terme.
L’ouvrage,
bien que sorti avant les récents événements douloureux de Ghardaïa, interpelle
indirectement notre conscience.
« Le
M’zab est incontestablement un exemple même aujourd’hui. Exemple de société
organisée solidaire, exemple de cohérence architecturale, exemple de cohérence
spirituelle dans la pratique religieuse», lit-on dans sa présentation de
couverture. Au début de cet ouvrage paru aux éditions al.bayazin, le lecteur
trouvera les principaux événements en rapport avec l’histoire des ibadites,
tels que la fondation de la ville de Tihert, près de l’actuelle Tiaret en l’an
777 (après Jésus-Christ) et l’exil, en l’an 911, vers Sedrata puis vers la
vallée du M’zab, au cœur du Sahara. Le livre comporte une dizaine de chapitres
dont ceux intitulés «La ‘‘chebka’’ désolée, berceau de la pentapole du M’zab»,
«Une architecture à dimension humaine» et «Regards sur le M’zab d’aujourd’hui».
Le
lecteur apprendra à mieux connaître ces hommes qui ont transformé en paradis
terrestre l’une des contrées les plus inhospitalières de la Terre. De belles
photographies rendent la lecture encore plus agréable. La vallée du M’zab et sa
pentapole (Ghardaïa, Melika, Beni Isguen, Bounoura et El-Atteuf) sont classées
depuis 1982 au patrimoine mondial de l’Unesco. L’architecture de ses cités et
ksour a été une source d’inspiration pour des architectes comme Le Corbusier,
André Ravéreau, Fernand Pouillon ou encore Manuelle Roche, auteure du livre Le
M’zab, une leçon d’architecture, paru en 1982 chez Sindbad en France.
Dans le
denier chapitre intitulé «Traditions et modernité», on peut lire : «Le M’zab
traverse avec sérénité les siècles laissant derrière lui les violences du passé
et regarde du haut de ses cités ancestrales notre monde perturbé et dubitatif».
Ce livre de 173 pages est édité avec le soutien du ministère de la Culture,
dans la cadre de la collection «Les régions d’Algérie et d’ailleurs».
K. B.
30/14/2014.
Liberté :
Le M’zab, un voyage
dans le temps et l’histoire.
Paru dans la
collection “Les régions d’Algérie et d’ailleurs” des éditions Albayzin, ce beau
livre est une sorte de guide qui transporte le lecteur de 911 après l’Hégire à
aujourd’hui. Il fait découvrir le mode de vie des habitants, de la culture,
vestiges et monuments de cette vallée.
Dans la collection “Les régions d’Algérie et
d’ailleurs” des éditions Albayazin, un nouvel ouvrage vient de sortir intitulé :
Le M’zab. Coréalisé par Smaïl Benhassir et Hossine Seddiki, ce
beau-livre de 178 pages, revient sur la naissance de la vallée du M’zab, son
histoire, les traditions de ses habitants, ses maisons, ses monuments religieux
et le M’zab d’aujourd’hui.
Composé de treize chapitres, chaque partie est
accompagnée par de jolies photographies prises par les deux auteurs. Pour
mettre le lecteur dans le bain et le faire voyager dans cette belle région du
pays, chaque illustration est accompagnée de textes et de légendes pour une
meilleure description des lieux, des vestiges et monuments de la vallée du
M’zab. L’introduction de cet ouvrage commence par “Le M’zab : éléments
d’histoire”, une énumération des dates-clés qui ont conduit à la naissance de
cette région.
Les dates débutent en 570 (naissance du Prophète
Mohammed), passent par 711 (début de la conquête de l’Espagne), 911
(l’installation dans la vallée du M’zab et la fondation des cinq villes qui formeront
la pentapole : El-Ateuf (Tajnint), Bou Nouara (Ath Bounour), Ghardaïa
(Taghardaït), Melika (Ath Mlichet) et Beni Isguen (Ath Izgen). Dans le second
chapitre, les auteurs ont mis en exergue des photographies de la ville qui ont
suffi pour véhiculer et expliquer l’intitulé “Des cités pyramides, des villes
forteresses”. On retrouve des cités “sur le qui-vive” dont leur “position
élevée rend plus aisée leur auto-défense”, où alors “le minaret de la mosquée
de Ghardaïa qui trône le sommet de la cité”. À propos de ces cités, un extrait
du texte World heritage centre de l’Unesco, a été publié dans le livre,
indiquant que “le paysage de la vallée du M’zab, créé au Xe siècle par les
Ibadites autour de leur cinq ksours, ou village fortifiés, semble être resté intact”.
“Simple, fonctionnelle et parfaitement adaptée à l’environnement,
l’architecture du M’zab a été conçue pour la vie en communauté, tout en
respectant les structures familiales. C’est une source d’inspiration pour les
urbanistes d’aujourd’hui”. Quant on dit M’zab, on évoque forcément les
monuments religieux. Les auteurs de ce beau-livre ont publié de nombreuses
illustrations de ces lieux sains, qui sont pour la plupart sans “artifices ni
de décoration intérieure”. “C’est avec les monuments religieux que les
Mozabites expriment avec plus de force tranquille leur différence et leur
originalité”, peut-on lire. “Le voyageur habitué aux pratiques du Nord sera
surpris par la simplicité et la ferveur discrète qui entourent ces lieux où la
pratique de la foi s’exprime dans toutes ses manifestations : la prière,
la vie spirituelle, la mort, le respect des ancêtres et des maîtres de la
pensée”. D’ailleurs, de très belles photos donnent envie de visiter des
mausolées au milieu du sable fin et qui ont été construits avec “formes
irrégulières et sans arêtes”. Concernant le dernier chapitre de cet ouvrage,
Smaïl Behassir et Hocine Seddiki ont fait un travail de recherche sur les
personnalités qui ont été inspirées par le M’zab ; on peut citer notamment Le
Corbusier : architecte, peintre et homme de lettres.
Hana Menasria
09/01/2014.
El Watan :
18/01/14
La vallée du M'zab a inspiré
une kyrielle d’artistes, peintres, architectes, urbanistes, écrivains…
Classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 1982, cette région des portes du
sud est une pure merveille. Beauté des sites, climat, hospitalité,
quiétude… A travers ce beau livre de la collection «Régions d’Algérie et
d’ailleurs», nous pénétrons au cœur des cinq perles du M’zab. Ghardaïa
(Tagherdayet), Bounoura (Bunur), Beni Isguen (Isjen), El Atteuf (Tajnint) et
Melika (M’lishet). Architecture, topographie, population, palmeraies, ksour,
souks, cimetières… c’est l’histoire du M’zab dans toute sa splendeur qui se
décline sur papier glacé, page après page. Cette vallée au charme envoûtant fut
une source inépuisable pour des architectes de renom, tels que Le Corbusier,
Fernand Pouillon, Manuelle Roche et André Ravéreau. Signalons que Smaïl
Benhassir est décédé en 2009.