16.1.11

Chronique d’Abou Zakaria


Chronique d’Abou Zakaria,
1978,
305 pages.

Traduite et commentée par :
Emile MASQUERAY

La Chronique d’Abou Zakaria n’est point un livre d’histoire, à proprement parler. Émanée d’une société religieuse, rédigée par un Cheikh pour ses disciples, elle contient des détails qu’un lecteur moderne peut croire inutiles ; mais ce reproche de puérilité que l’on adresserait aussi bien à la Chronique de Villehardouin, est généralement mal fondé en ce qui touche les documents du Moyen-âge chrétiens ou musulmans, et serait particulièrement injuste dans le cas présent.
 

Si l’on considère que Ibn Khaldoun, qui consacre seulement une page à Abd er-Rahman ben Roustem et quelques lignes à Abd el Ouahab, semble ignorer absolument les Imams ibadites à partir de Aflah, on comprendra l’importance de ce document grâce auquel nous est rendue, avec mille détails, l’histoire glorieuse d’une (Ecole) qui contribua plus qu’aucune autre à distinguer les Berbers, et se présente encore à nous vivante dans les cinq petites villes du Mzab et dans leurs colonies. 

La Chronique d’Abou Zakaria était encore inconnue de tous et de moi-même, quand je gravissais, le 5 mai 1878, le rocher abrupt, isolé, qui porte la petite ville de Melika. Le livre, de dimension moyenne, pouvait contenir quatre cents pages d’une bonne écriture arabe. 

Je lus en tête : Première partie du Livre des Biographies et des Chroniques des Imams, ouvrage du cheikh, du distingué, du savant, du seigneur, du généreux, de l’équitable Abou Zakaria Iahia ben Abi Bekri, qu’Allah le recueille dans sa miséricorde, et nous fasse trouver dans son livre profit et bénédiction. Amen.

Le caractère de la Chronique d’Abou Zakaria est essentiellement religieux. Elle est l’histoire des Compagnons de l’Œuvre, Sahab ed daaoua. Tel est en effet le nom par lequel les Ibadites d’Afrique se désignent, et ce nom n’est pas sans analogie avec celui de Beni Meshab. Notre français Chronique ne traduit qu’imparfaitement le mot Sirat que les Mahométans donnent aux ouvrages de ce genre. Sirat signifie tout à la fois Biographie et Règle. C’est ainsi que, chez les Beni Mzab, la Règle des (Azzaba) est dite Sirat d’Abou Ammar Abd el Kafi. 

Les (Azzaba) m’expliquèrent que la Chronique proprement dite comprenait seulement le premier tiers du volume, et que le reste était rempli de traditions analogues à nos Vies des Saints.

Les lieutenants des Imams y sont mentionnés et parfois y tiennent plus de place que leurs maîtres ; toutes les actions importantes y sont marquées avec une précision qui déconcerte nos connaissances géographiques ; en fin les controverses théologiques y sont exposées avec un luxe d’anecdotes qui ne sont pas déplacées, quoi qu’on puisse croire, et donnent au contraire à l’ouvrage son véritable caractère.

Extrait de l’Introduction (E. MASQUERAY, 1878).


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